Boire à la coupe ?
Tout avait bien commencé, » la mère de Jacques et de Jean, fils de Zébédée, s’approche de Jésus avec ses fils et se prosterne pour lui faire une demande . » Une mère qui aime ses enfants, les pousse vers Jésus, mais elle va trop loin.
Sa demande exclut tous les autres et met ses deux fils à part : « l’un à ta droite et l’autre à ta gauche !«
A part et pas à n’importe quel « à part » : aux places uniques, les plus proches, les plus honorifiques, aux yeux des hommes.
Demande qui provoque l’indignation des disciples. Ils ne peuvent prendre la distance suffisante pour comprendre que cette mère n’est pas dans la justesse. La jalousie vient par la droite comme par la gauche. Elle jaillit comme un lion prêt à tout dévorer. Il est bien vite stoppé, ce lion.
La Parole de Jésus met distance : » Vous ne savez pas ce que vous demandez ! » et fait place nette : « Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?«
Mais les deux sont aveuglés par l’émotion, le sentiment de toute-puissance : « nous le pouvons » . Réponse pleine de ferveur, d’impulsivité, d’ignorance. La mère a tracé le chemin, ils se croient presque au but et ils foncent tête baissée, coeur gonflé d’envie.
Jésus en bon pédagogue ne les contredit pas. Il part de leur réponse pour les conduire plus loin.
Boire à la coupe : ils feront, mais pour le reste, tout dépend de son Père. Ils sont suspendus au non-savoir.
Première réponse inattendue à la demande osée de Maman Zébédée. Qu’en est-il de nos demandes ?
Jésus rebondit encore à l’indignation des dix autres : ce qu’ils doivent désirer, ce n’est rien d’autre que de servir.
Jésus, Verbe de Dieu, Parole faite chair, est la Réponse à la demande de Maman Zébédée et de la jalousie des disciples : le Fils est venu non pour être servi, mais pour servir : au soir du Jeudi saint, Jésus se met à genoux aux pieds de ses disciples. « Ce que j’ai fait pour vous, faites-le ! » La coupe de la Passion, il la boit et la donne à chacun.
Chacun, selon sa vie, sa mesure, vit la Passion du Christ, boit la coupe en partage. Un signe que nous sommes serviteurs ? La patience du cœur.