Paille ?
Jésus nous bouscule encore ! Écoutons plutôt :
Comment peux-tu dire à ton frère : “Frère, laisse-moi enlever la paille qui est dans ton œil”, alors que toi-même ne vois pas la poutre qui est dans le tien ? Hypocrite ! Enlève d’abord la poutre de ton œil ; alors tu verras clair pour enlever la paille qui est dans l’œil de ton frère.
Lui, le fils d’un charpentier, peut-il à ce point confondre la paille et la poutre ? Non, il sait bien de quoi il parle. Il enseigne avec autorité et compétence. Quelle étonnante parabole pour en illustrer une autre :
« Un aveugle peut-il guider un autre aveugle ? Ne vont-ils pas tomber tous les deux dans un trou ? Un disciple n’est pas au-dessus du maître ; mais une fois bien formé, chacun sera comme son maître. »
Avouons que l’ensemble de ces trois versets surprend. Que veut dire Jésus ?
Serions-nous aveugles au point de ne pas voir avec tous nos sens, plus qu’avec nos yeux de chair que nous ne pouvons que suivre le Maître pour devenir vraiment hommes ?
Alors, au lieu de jeter la poutre qui nous aveugle, nous essayons de croire que nous voyons le plus petit brin de paille dans l’œil, dans la vie de nos plus proches ! Quelle erreur ! dit Jésus.
Même un peu douloureusement, il faut encore le reconnaître, pas facile de tomber de notre grandeur de perfection, de savoir, de maîtrise.
Pas facile de ne pas vouloir être maître sans le Maître !
Oui, la Parole, le Verbe fait chair fait œuvre de salut en faisant sauter bien des barrages, en particulier ceux de nos certitudes de foi.
N’ayons pas peur, c’est pour un plus de vie, de bonté, de joie, que Jésus nous rend la vue si nous osons cette traversée douloureuse, celle de nos limites humaines. Mais c’est justement notre condition humaine qui est le réel de la foi, pas une idée de perfection : ma poutre a plus de poids que la paille ! Le réel plus que les idées ou plus que nos rêves, notre fuite dans l’imaginaire.