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L’Ascension de Jésus est à la fois une fin et un commencement

Homélie du père Jacques Gebel, sj, le 18 mai 2023, au prieuré de Vanves

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Une fin, car la vie humaine de Jésus avec ses disciples en ce monde, s’arrête avec l’Ascension.
Jésus, même ressuscité et vivant, est parti. Désormais il n’est plus visible comme homme. Sa présence n’est accessible que par la foi. Il ne sert à rien de rester à regarder le ciel.

Un commencement, car avec l’Ascension débute la mission des apôtres comme témoins du Christ.
Jésus constitue ses apôtres comme ses témoins :« Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. » Jésus annonce aux apôtres qu’ils recevront une force venue d’en haut, celle du Saint-Esprit. C’est cette force-là, venant de Dieu, qui fera d’eux des témoins de la Bonne Nouvelle de Jésus.

Alors, bien loin des questions de notre imaginaire et de notre curiosité, sur le ciel, sur la condition céleste de Jésus, sur la date et la manière de son retour, la fête de l’Ascension est d’abord, pour chacun-e de nous, la fête de notre entrée en responsabilité de témoins du Christ. Chacun-e à notre manière, et chacun-e à notre place. Mais vraiment responsable, au titre de notre baptême, de notre confirmation, nourris par les autres sacrements.

Notre Dieu est un Dieu qui partage, qui délègue, qui ne veut pas exercer un pouvoir despotique. Il se met en position de service. Il cède l’initiative et le pouvoir.

L’effacement personnel de Jésus nous détache de son modèle pour nous inviter à trouver notre voie personnelle, unique, originale. Il ne s’agit pas de l’imiter en se laissant pousser les cheveux, en marchant pieds nus, en portant une tunique… Il s’agit d’être ses disciples en vivant un autre type de présence avec lui, dans son Esprit, en portant du fruit.

Il y a là une présence qui n’est plus physique mais qui est très forte, intériorisée : lui, c’est nous et nous, c’est lui. Jésus dira à saint Paul qui persécutait les chrétiens : « Pourquoi me persécuter ? » (Ac 9,4) Jésus s’identifie donc aux chrétiens, il fait corps avec nous.Jésus ne se présente pas comme un modèle indépassable. Il nous invite, comme il le fit la veille de sa Passion pour ses disciples, à faire plus et mieux que lui : « Amen je vous le dis, celui qui croit en moi fera les oeuvres que je fais. Il en fera même de plus grandes, parce que je pars vers le Père » (Jn 14,12).

Jésus n’a rien de commun avec ces personnes qui vous mettent des limites, qui vous mettent des bâtons dans les roues pour toujours vous contrôler et vous empêcher de les dépasser. Il n’est pas jaloux, tout au contraire, il se réjouit de nos succès, il nous encourage à aller de l’avant. Il n’a pas tout fait et il ne veut pas tout faire « tout seul ». Il veut nous associer. Il veut avoir besoin de nous. Il a guéri des malades mais n’a pas créé des hôpitaux. Il a nourri quelques milliers de personnes mais il n’a pas importé la pomme de terre, ni introduit le maïs transgénique. Il a réintégré socialement quelques exclus, mais il n’a pas réglé tous les problèmes de racisme et d’exclusion.

Tout reste à faire pratiquement et il est avec nous, par son Souffle, son Inspiration, son Esprit Saint.
Aujourd’hui encore, l’Esprit Saint demeure en nous, il nous fait confiance, il a foi en nous, et nous pouvons à notre tour faire confiance aux autres, autour de nous, déléguer, nous aussi. Nous pouvons progressivement nous effacer, pour encourager les autres à exister différemment.

Un jour, une catéchiste, à l’approche de l’Ascension et de la Pentecôte, proposait à son groupe d’enfants une séance sur l’Esprit Saint. A la fin de son exposé, elle pose quelques questions pour s’assurer de la bonne compréhension des enfants, et elle termine par cette question : « Que fait l’Esprit Saint quand Il vient en nous ? »
Silence… La catéchiste suppose que chaque enfant réfléchit aux sept dons de l’Esprit, à ce que donne l’Esprit : la sagesse… l’intelligence… la science… la force… le conseil… la piété… la crainte de Dieu…
Et tout à coup, un enfant lève la main et répond : « Ben l’Esprit Saint… Il fait ce qu’Il peut ! ».
L’Esprit Saint, Il fait ce qu’Il peut ! Réponse sans doute assez juste pour manifester que Dieu construit son Royaume avec et par nous, à la mesure de ce que nous lui offrons.

Laissons-nous donc constamment habiter par l’Esprit d’amour de Jésus, pour qu’Il puisse, non seulement « faire ce qu’il peut », mais encore « faire de son mieux », pour nous associer avec Lui à la construction de son Royaume de justice et de paix, ici et maintenant.


Billet du jour: Départ ? Déjà quarante jours ! Oui, déjà et malgré tous les remous sociétaux, les grandes questions que les nouvelles véhiculées par les médias peu soucieuses de vérité suscitent, voire enveniment, les bruits de guerre et l’inflation, oui, déjà 40 jours de vie nouvelle !

Neuvaine de prière à l’Esprit-Saint – La communauté s’unit à la grande attente de toute l’Eglise entre l’Ascension et la Pentecôte ; neuf jours d’intense espérance…

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