Combien ?
Une rafale de vent avec ces « Combien ? » qui balaient toute morale en passant…
« Combien dois-tu à mon maître ? Cent baril d’huile…
’Et toi, combien dois-tu ? -…
Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. »
Jésus poursuit son enseignement. Après la brebis perdue et retrouvée, la drachme perdue et retrouvée, voilà le gérant malhonnête et habile : nouveau déplacement et de taille.
Qu’est-ce que Jésus veut dire par cette histoire qui, à première lecture, semble bien loin de notre morale… Ce gérant renvoyé pour mauvaise gestion, trompe son maître pour vivre d’amitié corrompue, achetée avec les biens qu’il détourne. Un tel gérant reçoit des éloges : mêmes les éloges seraient donc détournées ?
Lisons bien : L’éloge ne vise pas le gérant, mais son art de se sortir d’une mauvaise situation. Il ne s’effondre pas d’être renvoyé, mais tire profit des connaissances acquises et veut désormais vivre à découvert : il dépendra des autres en demandant ce dont il a besoin.
La manière n’est pas bonne, mais Jésus passe par elle pour pointer autre chose : « les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. » Ce gérant accepte la dépendance juste et nous les fils de la résurrection ?
Jésus fait parler le maître trompé. C’est lui qui fait l’éloge de l’habileté de son gérant renvoyé pour malhonnêteté. Ainsi, le maître qui semble savoir qu’il a été volé par son gérant malhonnête, tire cette leçon pour les disciples du royaume : si les filous de ce monde sont habiles, alors combien plus les disciples du royaume devraient l’être !
Comment entrons-nous dans cette histoire racontée par Jésus qui pousse ses disciples à faire leur ce récit ?
A quelle place sommes – nous ? Celui du gérant malhonnête, en filou ingénieux, habile ? Celui du maître trompé ? Celui des fils de la lumière, interpelés sur leur habileté peu performante à gérer le royaume, en dépendance totale parce que créés, sauvés, envoyés ?
Nous sommes fils de la lumière, alors, soyons habiles en amour, en remise de dettes, en pardon, en miséricorde, en justice !
Notre trésor d’éloge, celui acquis au fil des jours,
par la dépendance heureuse,
c’est au ciel qu’il nous sera donné !