Compassion brûlante ?
« Comme il était encore loin, son père l’aperçut et fut saisi de pitié ; il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers. »
Accueil plutôt inattendu pour ce jeune fils au repentir quelque peu intéressé, après voir dilapidé l’héritage arraché à son père. Comment peut-il avoir tout dépensé non seulement sans avoir rien perdu, mais qui plus est, en recevant la compassion brûlante de son père ? et nous ?
Les paraboles de Jésus ont cette saveur étonnante de nous rejoindre au cœur, aux entrailles. Laissons-nous rejoindre en ce lieu de vie si enfouie…
Ce père s’était vu contraint de partager de son vivant son héritage, pour laisser partir son plus jeune fils. Le temps passe, on imagine sans nouvelles et un jour, de loin, il l’aperçoit. Il l’attend donc !
Dans son cœur, une place est vide, l’absence creuse jusque dans le corps, jusqu’aux entrailles de la paternité, là où naît la miséricorde. Qu’est-ce qui creuse en nous ce lieu ? Ailleurs de chair ouverte…
Le père court se jeter au cou de son fils : pas un mouvement de recul, de réflexion, de jugement, seules les entrailles parlent : « mon fils était mort, il est revenu à la vie ! » Jaillissement d’amour irrépressible, ailleurs de don irréparé.
Et ce sont elles, les entrailles qui mettent en mouvement, qui font agir ! Il le couvrit de baisers : autre logique, celle de la parole qui circule, née du plus loin de l’être, de ce lieu d’engendrement reçu et transmis : « Dieu dit, cela est. » « Toute paternité vient de Dieu«
Couvert de baisers, que peut donc comprendre le fils de retour ? Lui qui a tout perdu, trouverait-il encore plus ? Oui, il découvre et reçoit son coeur de fils aimé, unique aux yeux du père… comme unique est son frère. Comment nous découvrons-nous unique ?
Qu’il est fils, que cet homme qui lui a donné un héritage dilapidé est son père.
Cela le domestique l’a bien compris quand il répond à l’aîné en colère : « c’est ton frère qui est de retour. Et ton père a tué le veau gras, parce qu’il a vu revenir son fils en bonne santé. »
Parfois, c’est un témoin qui dit une parole nécessaire, une parole de révélation, de retour à la vie, de renaissance, de repentir. La vie se reçoit. Ailleurs de vie imprenable, éternelle.
Qui sommes-nous rejoints en ce jour ?
Pas facile d’être père, frères, mères et soeurs … être coeur !
Dieu nous rejoint tous pour nous faire revenir à la vie.