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Drame !

Fin août, mémoire de la décollation de saint Jean-Baptiste. Un des rares saints à être célébrer deux fois dans l’année, lui le précurseur. Naissance et mort, annonces de celles du Christ.
Reprise de cet évangile bien dramatique, médité début août. Reprise à la manière ignatienne… Avec reprise du cadre et des points acquis ?

Un anniversaire, une danse, une promesse insensée, et même un serment : alors la tête du Précurseur, Jean le Baptiste, tombe : « La fille d’Hérodiade plut à Hérode et à ses convives. Le roi dit à la jeune fille : ’Demande-moi tout ce que tu veux, et je te le donnerai.’ Et il fit ce serment : ’tout ce que tu me demanderas, je te le donnerai, même si c’est la moitié de mon royaume. »

Une danse qui éblouit, des convives à éblouir, et un serment éblouissant : même la moitié du royaume ! Drame de l’hypocrisie, de l’apparence, du paraître qui nous touche encore !

En roi, Hérode joue un personnage, il porte un masque, celui d’un grand Roi. Oui, il se laisse aveugler par son désir de plaire jusqu’à engager sa parole sans mesure, sans discernement, sans prudence. Apparence et course au pouvoir à dénoncer avec courage. Jean-Baptiste montre du doigt le scandale sans même être présent.

Là s’infiltre le mal, le mal à l’état pur, le mal qui tue, le mal qui habite le cœur d’Hérodiade, mise à nue par le Précurseur. Il ne dénonce pas pour juger, mais pour appeler à la conversion. Il indique le mal, comme il montre la Lumière qui vient luire dans les ténèbres. En prophète, il parle.

Le récit s’arrête brusquement, au cœur de l’horreur gratuite : on apporte la tête de Jean, sur un plat, et le corps est déposé par ses disciples dans un tombeau.

Stupeur et horreur dominent, le pas de danse conduit Jean à la mort et la mort au tombeau, grain jeté en terre avant le Maître pour crier dans les enfers que la vérité viendra à la lumière, que la Vie sera plus forte, que la victoire de l’Agneau sera danse de joie pour tous les hommes appelés à la conversion. Le drame est enfoui pour devenir prophétie du royaume. Difficile à entendre, foi nue encore aujourd’hui.

Jean a été la voix qui annonçait la Bonne Nouvelle : « Voici l’Agneau de Dieu ! »
Son sang chante la musique de Dieu. En son Fils bien aimé, Dieu nous comble de grâce, de sa miséricorde infinie : mystère de l’amour humble et gratuit, jusque là. Oserons-nous entrer dans cette danse-là humblement, pas de vérité pour traverser par le réalisme de la vie ?

Un pas de danse, celle de l’Alliance,
au son du chant du rescapé :
« Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie ! » (ps 29)

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2024/08/drame-aout2024.mp3