Fou !
« Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu as mis de côté, qui l’aura ? » Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu.«
Une parole qui va nous réveiller, ce matin.
D’abord être traité de fou, puis cette annonce au passif d’une brutalité incroyable : « cette nuit même, on te redemande ta vie. » et enfin une sentence bien difficile à saisir « être riche en vue de Dieu ».
Jésus saisit l’occasion d’un dialogue concret avec un homme anonyme qui sort de la foule pour lui poser une question qui le brûle. Question qui brûle tant de relations, question de biens, d’héritage : une de ces questions qui empoisonnent certaines existences pour finir par déchirer tant de familles. Comment nous rejoint-elle ?
Une fois encore Jésus déplace la question et entraîne plus loin. Il fait progresser la foule, pas seulement cet homme : « Gardez-vous de toute âpreté au gain ! » Apreté qui aveugle, qui désaxe, qui distend les relations, âpreté qui détruit les repères de la vie, âpreté qui dresse plus que des murs en construisant des greniers d’individualisme, d’égoïsme, des cavernes d’Ali-baba. Où nous perdons-nous en chemin d’accumulation ?
Véritable upercut : « tu es fou », l’homme de la foule, tout homme de la foule, et moi avec, est obligé à se dévoiler : non sur ses richesses, mais sur l’usage qu’il en fait : suis-je riche en vue de Dieu ? De quelles richesses j’enrichis Dieu ?
Enrichir Dieu est-ce possible ? Folie de le croire ! Non, non, Jésus ne peut proposer qu’un chemin sûr, qu’un chemin possible à tous. Alors ?
Il indique la route, en prenant le chemin de Jérusalem : « cette nuit même, on te redemande ta vie. » Chemin de la Passion, de l’amour jusqu’au bout, chemin du don de soi par pur amour qui vient de Dieu et qui remonte à Dieu par le cœur ouvert du Fils. Ce chemin est offert à tout homme qui fait silence et descend au fond de lui, pour y découvrir le Visage rayonnant du Fils, Visage de Gloire du Ressuscité, Visage du pauvre de la porte d’à côté encore.
Oui, folie de la foi qui chaque jour fait passer de la mort à la vie.
Oui, folie de la Croix qui chaque jour déchire le ciel pour engranger ce qui ne passe pas.
Oui, folie de la joie qui chaque jour donne tout de soi pour s’offrir les mains vides et se coucher le cœur rempli d’espérance : « en tes mains je remets mon esprit, te rendant ce qui est à toi, Seigneur : tout ! » Cette folie, la désirons-nous ? Comment la cherchons-nous ?
Tu es fou !
D’être riche en vue de Dieu !