La foi, seuil de liberté !
L’Évangile du riche et de Lazare est bien connu. (Lc 16, 19 – 31)
Les commentaires s’arrêtent souvent à la nécessité de vivre le partage, de voir la misère sur le pas de sa porte et de ne pas se dérober à son semblable qui est un frère. Message déjà bien rugueux pour notre petite vie chrétienne tranquille…
Mais à écouter la Parole aux profondeurs du désert et donc du cœur de Dieu, un écho monte, étrange musique autre, appel à un pas réorienté… écoutons plutôt :
Le riche répliqua : “Eh bien ! père, je te prie d’envoyer Lazare dans la maison de mon père. En effet, j’ai cinq frères : qu’il leur porte son témoignage, de peur qu’eux aussi ne viennent dans ce lieu de torture !”
Abraham lui dit : “Ils ont Moïse et les Prophètes : qu’ils les écoutent !
Non, père Abraham, dit-il, mais si quelqu’un de chez les morts vient les trouver, ils se convertiront.” Abraham répondit : “S’ils n’écoutent pas Moïse ni les Prophètes, quelqu’un pourra bien ressusciter d’entre les morts : ils ne seront pas convaincus.” »
Il n’est plus question d’autre bonne nouvelle que de la Résurrection d’entre les morts, Bonne Nouvelle, oui, car c’est là que Lazare vit, et là que le riche n’est pas.
Or ce riche n’a pas un mauvais cœur, il se souvient de ses cinq frères… et il veut leur épargner ce qu’il vit pour l’éternité. Son cœur de frère est remué et il supplie en tenant tête : difficile d’imaginer dialogue plus tenace : « Non, père Abraham ! » et d’imaginer une conversion sur mesure : « si quelqu’un de chez les morts vient les trouver… »
Et là, saut dans la foi nue : le riche pouvait voir Lazare sur le pas de sa porte, il ne l’a pas vu ; ses frères peuvent lire la Loi et les Prophètes, pour être convaincus, le seront-ils ? Foi qui fait passer du voir, de l’entendre au croire la Loi, les Prophètes : la Parole de Dieu.
La fraternité conduit à ce seuil de la foi, les cinq frères sont comme entrevus dans le prisme de la Loi et des Prophètes qui annoncent la Résurrection, ouvriront-ils leur cœur ?
Aujourd’hui, ouvrons-le nôtre ; le prophète Jérémie n’hésite pas à tonitruer ! Courons du côté des bénis sans retard !