La meilleure part ?
Aujourd’hui 10 février, nous fêtons sainte Scholastique, la soeur de saint Benoît : fête dans tous les monastères qui vivent selon la Règle de saint Benoît. Alors laissons-nous dérouter par les lectures du jour, en particulier Lc 10, 38 – 42 à lire en parallèle avec l’inouï de la multiplication des pains pour une foule affamée.
Nouvelle question du jour : « Seigneur, cela ne te fait rien ? Ma sœur me laisse toute seule à faire le service. Dis-lui donc de m’aider. »
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part : elle ne lui sera pas enlevée. »
Dialogue bien connu entre Jésus et Marthe qu’il semblerait ne plus rien avoir à nous dire mais, ce matin, encore laissons-nous accrocher par tel ou tel mot qui résonne au fond de nos vallées intérieures, illuminées du quotidien unique à chacun et de cette figure cachée que fut sainte Scholastique. Recevons dans notre lecture en parallèle, la distribution du pain de Jésus aux disciples, des disciples aux foules… sans compter les restes. Et nous ?
Est-ce l’agacement de Marthe ? « Ma sœur me laisse toute seule« . La sororité n’est jamais acquise, facile. Elle ne peut se construire sur le « faire pareil » ou encore le partage strictement égal des tâches. L’altérité engendre la croissance de l’être, peut-être bien la seule chose nécessaire pour avoir les oreilles du coeur ouvertes et la langue capable de chanter les merveilles de Dieu…
Jésus pointe dans la parole de Marthe de l’inquiétude, de l’agitation. Marthe veut en faire beaucoup pour bien accueillir. Trop, trop pour Jésus. Ce trop, ce « tout faire pour » ne produit-il pas l’inquiétude, l’agitation ? Un « Trop », un « tout faire » dans la pensée de Marthe n’est plus alors accordé à l’hôte qui est là. Ce que Jésus attend n’est pas une multitude de choses, mais une présence, une présence de l’être avec, peut-être bien la chose nécessaire pour faire grandir la relation et donc la paix. Est-ce cet « être là » qui impose le silence ?
Comme pour mettre un point d’orgue au dialogue, Jésus affirme à Marthe que Marie a fait le meilleur choix. « Elle a choisi la meilleure part. »
Choisir suppose un discernement. Rien n’est dit de ce choix de Marie, de son cheminement intérieur pour avoir pris cette décision de rester là à écouter Jésus sans rien faire que d’écouter assise à ses pieds.
Choix de ne rien faire que d’écouter, voilà la meilleure part !
Une écoute amoureuse, qui immobilise n’est-ce pas la chose nécessaire qui dépouille en enrichissant de la Présence ? Amour qui touche le coeur de Dieu comme sainte Scholastique nous l’apprend…
Tout nous conduit à pressentir que l’unique nécessaire s’appelle « unité intérieure » qui, éclairée et informée par la lumière de foi, reconnaît Dieu sous le voile de l’humanité de Jésus.
Sommes-nous à la recherche de cet unique nécessaire jusqu’à choisir une sobriété de vie, un désir de guérison de l’écoute et de la parole donc du dialogue ?