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Le sabbat ?

Dans la continuité de l’évangile de Luc, après la question du jeûne, une autre question surgit au détour d’un champ ; Jésus la reçoit paisiblement et ne s’en étonne nullement, tellement elle marque la vie quotidienne de son peuple.
« Pourquoi faites-vous ce qui n’est pas permis le jour du sabbat ? » Jésus leur répondit : « N’avez-vous pas lu ce que fit David un jour qu’il eut faim, lui et ses compagnons ? Il entra dans la maison de Dieu, prit les pains de l’offrande, en mangea, et en donna à ses compagnons, alors que les prêtres seuls ont la permission d’en manger. »
Jésus leur disait encore : « Le Fils de l’homme est maître du sabbat. »


Jésus passe de ce que l’homme pouvait faire le jour de sabbat à ce qu’il est par rapport au sabbat.
Ce déplacement subtil fait justement voir autrement, et surtout autre chose. Il commence par désorienter mais pour réorienter. Il ajuste la vie de l’homme au cœur de Dieu, à son plan d’amour. Sommes-nous prêts à suivre la leçon ?

La sabbat est temps pour reconnaître Dieu créateur, pour le remettre au centre de la vie, pour l’honorer et pour accueillir la création comme don à faire fructifier. Le sabbat est avant tout don de Dieu pour l’homme. Comment recevoir ce qui vient de Dieu, alors que nous jaugeons de tout à partir de nous ? Le Sabbat, don de Dieu pour l’homme ? Oui, un jour pour tout remettre à Celui qui donne tout…
Il est véritablement temps de présence-absence, temps d’absence-présence, signe de l’Alliance par une reconnaissance joyeuse. Devant un don, est contrainte d’être heureux et de dire merci ?

Pour protéger ce don et donc ce sabbat, pour protéger l’homme, pour encadrer le sabba et, pour faire entrer l’homme dans cette Alliance, il a bien fallu un apprentissage, des garde-fous, des lois, des règles, uniquement au service de l’Alliance. Nous sommes au cœur du paradoxe Présence-Absence du Créateur et des créatures, de l’homme dans la création. Nous vivons bien au coeur de ce paradoxe.

Tout est à portée de nos mains, mais tout n’est pas de nos mains. L’homme fait souffrir la création, la détruit même. Réveillons-nous et reprenons ce chemin de la sagesse que la contemplation de la nature déjà fait entrevoir.

Jésus se fait écho de ce paradoxe en le déplaçant, en allant plus loin : même le sabbat est à portée de mains, mais il ne donne pas Dieu ; il y conduit, il en montre le chemin en quelque sorte. Sa pratique rigoureuse ne donne pas Dieu, pas plus l’absence de son observance, d’ailleurs.
Il y a un plus, un autrement, un ailleurs que Jésus apporte en sa personne :
le fossé entre l’homme et Dieu, la créature et le Créateur, le fini et l’Infini, le créé et l’Incréé : un fossé, don gratuit de Dieu qu’Il est lui-même : Fils de Dieu et Fils de Marie !

De fossé, il devient Pont ! Pont pour nous relier de façon ajustée à Dieu. Alors le sabbat se transforme intérieurement en temps gratuit pour Dieu, temps de célébration du Créateur, temps de communion, temps de re-création, temps de résurrection. Ce qui explique le passage du sabbat juif au dimanche chrétien avec le même paradoxe :
Le Fils de l’homme est maître du sabbat sera pour nous chrétiens, «  le Fils de l’homme est maître du jour de la Résurrection «  puisqu’il sort victorieux des affres de la mort et nous ouvre le chemin de l’éternité. Passage non évident, jamais totalement fait, nous sommes au milieu du guet, grâce du passage, grâce de salut.

Avouons qu’un jour ne suffit pas pour saisir cette réorientation, mais qu’il faut bien, chaque sept jours, nous arrêter pour nous laisser toucher par le Présent-Absent, l’Absent-Présent et célébrer l’Alliance. Il faut sans doute une vie pour entrer dans l’Heure du Fils… pas un instant à perdre !

pour écouter le billet https://www.benedictines-ste-bathilde.fr/wp-content/uploads/2024/08/le-sabbat.mp3