Quelle obole ?
Ce dimanche, gros plan sur une veuve, une pauvre veuve. Elle reçoit en échange d’un maigre don, l’admiration de Jésus. Une admiration qui provoque le scandale et qui ouvre le chemin de la passion.
Une page simple qui ne demande guère de commentaire, et pourtant, ces deux pièces dans le tronc du Temple chantent encore. Les entendons-nous ?
« En vérité, je vous le dis : cette pauvre veuve a mis plus que tous les autres. Car tous ceux-là, pour faire leur offrande, ont pris sur leur superflu mais elle, elle a pris sur son indigence : elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre.
Que veut dire Jésus, alors qu’il est sur le chemin de sa Passion ? Il parle d’une urgence. Cette urgence qui l’anime et qu’il semble percevoir dans le geste fou de cette veuve. Il y a urgence à donner l’essentiel ce qui fait vivre, de ce qui fait vivre les autres. Ce don n’est-il pas soi-même ? La substantifique moëlle, la vie dans son essence ? Les deux piècettes ?
Urgence folle assumée paisiblement, sans théâtre, sans bruit, sans retour sur soi. Cette pauvre veuve, cette femme qui n’est plus rien, étant veuve et pauvre, a même déposé sa subsistance, autant dire sa vie. Déposée au temple, déposée dans un acte de confiance, d’abandon à Dieu. Déposée comme Bartimée lâche son manteau. Déposée parce que le chemin touche le fond, le fond du possible à l’homme… Notre fond ?
Déposer sa vie ! Jésus voit cette femme déposer sa vie, ainsi d’un geste humble, discret, arraché aux ténèbres. Il vit deux piécettes, son tout et lui, il vibre.
Elle l’encourage par ce geste absolu, à aller, lui aussi, jusqu’au bout. Il va déposer sa vie, et d’un geste inouï, déposer son vêtement et servir ses disciples, à genoux, livrant sa vie pour sauver tous les hommes. La veuve l’invite à aller au bout, il le reçoit ainsi.
Un geste que nous pouvons garder en mémoire durant ce jour, pour apprendre à déposer d’abord nos superflus, déposer ce qui nous encombre pour découvrir l’essentiel, ce qui nous fait vivre. Alors nous pourrons doucement, lui laisser la porte ouverte pour qu’il dépose en nous la confiance et l’abandon… Nous comprendrons par le coeur comment recevoir du cœur de Dieu ce qui nous fera réellement vivre.
Déposer notre essentiel, pour accueillir son essentiel, à Lui, la vie plus forte que la mort, l’amour victorieux de la haine, n’est-ce pas faire face en fils et filles de lumière aux ténèbres du monde ?