Qui suis-je ?
Le voir ! Oui, mais qui est cet homme Jésus que tous veulent voir, y compris Hérode ? Jésus pose question et nous avons déjà eu cet épisode il y a quelques semaines… Avons-nous répondu à la question de Jésus ? Pour vous qui suis-je ? Recevons à coeur nouveau cette interrogation.
Question d’identité, question de vie, question de mort, question existentielle :
C’est d’abord lui qui pose une question : « au dire des foules, qui suis-je ? » Depuis plus de deux mille ans cette question hante les foules avec plus ou moins d’acuité. Elle surplombe et plombe même la vie des hommes. Quelles réponses pour aujourd’hui ? Comment entendre ces mots ?
C’est encore Jésus qui rebondit et pose la bonne question, sans détour, avec insistance : « Et vous, que dites-vous, pour vous, qui suis-je ? » En fait, il distingue bien, en l’homme, deux attitudes, le dire et la foi.
Il fait passer du dire aux autres au vrai croire, de ce que l’on donne à croire à ce que l’on croit, de l’extériorisation qui devient vite apparence à l’intériorité, le propre de l’être. Cette appropriation de la question pour lui donner réponse fait chemin avec Jésus. Beaucoup le quittent en cours de route. Et pour cause, le col est élevé, le passage étroit…
Passage douloureux qui impose le silence : « Jésus avec autorité, leu défendit vivement de le dire à personne. » Jésus surprend et pose alors question : « pourquoi la mort devient-elle centrale, l’axe, le pivot de sa mission, de sa vie ?
« Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. » Nouvelle annonce de sa mort et de sa résurrection. Ils ne saisissent pas… trop rivés sur la bonne réponse à trouver !
La mort lie Jésus aux hommes et l’arrache au Père ; Il s’est fait homme jusqu’à la mort et la mort de la Croix ; ce qui est arraché là, c’est le dialogue qui est l’axe véritable du monde entier.
Arraché, déchiré , l’amour même entre le Père et le Fils… Comment est-ce possible ?
Il nous faut descendre jusque là, à la perte du dialogue en Christ pour être saisis par la puissance de sa résurrection, la puissance de la Parole, de la relation qui rompt une fois pour toutes les filets de l’isolement, de la solitude, de l’enfer. Tout se joue à la source de la création de l’homme, source de sa solitude qui est bien aussi lieu de solitude du Christ au milieu des foules. Lieu de rupture, de déchirure, de fracture… Qui peut s’y aventurer ?
N’est-ce pas là que nous sommes envoyés aujourd’hui : à la source de notre solitude au milieu des pourquoi et des foules ?
Jésus nous y précède pour nous faire passer du dire au croire, du paraître à l’être, de la mort à la vie, du monde au Père. Route en compagnons d’Emmaüs pour accéder au seuil de Saint des Saints…
Il est le Chemin, la Vérité, la Vie,
à nous d’entendre, de croire et de répondre,
d’accorder notre vie à la sienne ! C’est de nuit.
Tendons la main à ceux qui pleurent dans la nuit.