Rien de perdu !
« Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » demande Jésus à ses disciples après la multiplication de cinq pains et de deux poissons pour cinq milles hommes. (Jn 6, 1 – 15)
Il reste douze corbeilles ! Rien qu’à penser aux chiffres, le vertige prend : cinq pains, deux poissons, cinq mille hommes, et douze corbeilles de reste. La foi donne le vertige, parce qu’elle nous sort de nos raisonnements, de notre logique, de nos calculs, tout en invitant à marcher les pieds sur terre.
En effet, elle est bien concrète, bien ancrée dans la vie : la faim est là, l’herbe abondante pour s’asseoir, la peur du manque, les deux cents journées de travail, ce petit garçon, les corbeilles. Le réalisme interpelle.
Jésus nourrit les foules de pains et de poissons, et veille à ce qu’on ramasse les restes pour que rien ne soit perdu. Quid de nos gaspillages ?
Dans nos vies, Jésus passe, donne à profusion. Il sème le bon grain largement, sur le chemin pierreux, dans les ronces, dans la bonne terre ; il donne à manger pains et poissons à satiété, et même le vin à Cana !
Pourquoi une telle abondance et une telle attention : ramasser les restes et ne rien perdre ? Pourquoi ces détails relevés par l’évangéliste Jean pour peindre le Mystère des Mystères ?
Les miettes ramassée par la syro-phénicienne pour sa fille donne une clé.
Dans les petites choses de la vie quotidienne, nous sommes nourris et rassasiés et nous pouvons nourrir et rassasier à notre tour. Les miettes d’amour, les restes qui semblent bien maigres, bons à jeter, sont la source même de la vie, et même d’un surcroît de vie dans la foi, folle mais de la folie du Christ ! Le surplus de gratuité fait signe au cœur de la disette. L’Esprit nous l’apprend.