Juger ?
L’Evangile de Jean poursuit sa course que nous prenons en cours de route. Jean n’a pas peur de nous égarer, il sait le Chemin et n’en cache rien. Les Paroles de Jésus pèsent lourd, d’une grande densité bien complexe. Le fil ténu du « faire » divin nous tient en haleine, comme en secret, à la manière d’un vent discret. On ne sait ni d’où il vient, ni où il va. Il passe.
Jésus veut-il perdre la pensée de ses auditeurs dans les méandres de sa parole pour que la vérité jaillisse ? Une fois encore, il suffit de tenir un mot et de le laisser se déployer, s’ouvrir.
Saisir un mot, et le mâcher, le triturer, recevoir de lui tout le jus, tout le suc, tout le goût de Dieu, c’est bien une manière de prier la parole et de la vivre, de la laisser nous façonner cet être de fils, né de la parole, habité par la parole, écoutant la parole et y croyant. Quel mot pour aujourd’hui ?
Un mot passe et repasse : « juger « . « Le Père ne juge personne : il a donné tout pouvoir au Fis pour juger, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père. » Ce seul mot éclaire d’une lumière brûlante, brillante l’enseignement de Jésus.
Le jugement du Fils se manifeste dans ses oeuvres. Or les œuvres accomplies par Jésus : guérir les aveugles, faire entendre les sourds, faire marcher les boiteux, ressusciter les morts, annoncer la Bonne Nouvelle, aimer jusqu’au bout…
L’Œuvre du Fils, c’est la Croix ! La Croix témoigne de Jésus. La Croix dressée sur le monde signe la passion d’amour du Père pour tous les hommes, la folie d’amour du Fils. ELLE juge tous les hommes.
Entendons ici, le murmure de Jésus à la femme adultère : « moi, je ne juge personne ! »
Pour lever les yeux vers la Croix, pour suivre Jésus jusqu’à la Croix, pas d’autre chemin que l’écoute de la voix du Père, que l’accueil de la Parole livrée, que le souffle de l’Esprit qui murmure comme la source cachée la vérité, la vie éternelle ! Sommes-nous prêts ?