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Portrait du mois: Mère Marie-Scholastique

portrait du mois

Celle qui fut la fidèle compagne de Notre Révérende Mère Fondatrice vient de la rejoindre dans l’éternité. Depuis des mois, de plus en plus retirée en Dieu, elle était au milieu de nous dans l’effusion de la charité divine dans une perpétuelle action de grâces offerte à Dieu et à chacune des personnes qui l’approchaient.

Ainsi commence dans le nécrologe de la communauté, la notice de M M Scholastique.
Pour ce portrait du mois, lisons ensemble de larges extraits qui peignent à merveille notre co-fondatrice au cœur brûlant…

Mère Marie-ScholastiqueAu cours de sa longue vie, ignorant toute limite, l’ardeur de son amour rendait brûlant tout contact avec elle. Et, dans la vie religieuse, ses multiples activités, impossibles comme réalisations terrestres, disparaissaient, et seul demeurait ce feu que Jésus est venu apporter sur la terre. Ce feu dévorait tout ce qui n’est pas Lui.

Bien que toute à Dieu depuis sa petite enfance, son entrée en religion fut rendue impossible par un dessein providentiel, et elle se donna particulièrement à l’hospitalité de Lourdes, puis à l’enseignement libre éprouvé par les lois d’expulsion. L’école de Suresnes requérait ses services. Elle passa ses examens qui la rendirent capables de s’y dévouer avec compétence.

Rien, ni personne, n’avait puissance de tempérer Mère Marie Scholastique, encore moins de la retenir, sinon notre révérende Mère fondatrice elle-même, disant : « cela suffit », quand le feu était allumé. Alors, Mère Marie Scholastique était poussée irrésistiblement ailleurs, portant ce feu toujours, et partout où elle allait.

À la fin de l’été 1917, S.E. le cardinal de Cabrières, évêque de Montpellier, désirant que, dans son diocèse et sa ville, soit fondée une congrégation de Bénédictines apostoliques, s’adressa à l’abbaye de Ligugé.

Le Rd Père Abbé dom Gaugain dit : « un prince de l’église demande un service aux Bénédictins de Ligugé, comment Ligugé ne s’empresserait-il pas de rendre ce service de bonne grâce ? »

Il donna un moine, et le 7 novembre 1917, Mademoiselle Richard, bien connue de l’Abbaye, pour l’aider. On comptait sur Madame Delmas. Elle refusa, disant ne pas penser à la vie religieuse.

Convoquée le 27 novembre à l’Abbaye, Mlle Richard rencontra dom Besse et le révérend père abbé qui l’entretinrent de la possibilité d’unir des éléments de Montpellier avec ceux de Paris, c’est-à-dire avec Madame Delmas et les personnes qui pensaient unir leur vie à la sienne. Prières, réflexions et pourparlers se poursuivirent à Ligugé/Chevetogne, avec Mademoiselle Richard, et le 24 décembre 1919, de nouveau à l’abbaye, une rencontre avec Madame Delmas permit des échanges de pensées entre le révérend père, dom Besse et les 2 fondatrices auxquelles ils faisaient appel.

Mademoiselle Richard précise à dom Besse qu’il ne pouvait compter sur elle que s’il lui assurait une vie religieuse avec noviciat et vœux. Dom Besse le lui promit, non actuellement, mais plus tard point il s’agit toujours de la vie bénédictine apostolique. Douze jours plus tard le 5 janvier 1920, le Révérend Père disait à Mlle Richard : « Vous savez ce qui arrive à tous ceux qui fondent ? » – « oui, mon Révérend Père, je sais ; Il arrive comme à Saint Benoît, comme à… » – « Ne cherchez pas », interrompit le Père : « A tous, à tous ! » Et Mlle Richard de répondre : « La question n’est pas celle-là, mais la suivante : l’œuvre est-elle utile à la Gloire de Dieu, et saint Benoît doit-il donner cela à l’Eglise ? » et le Révérend Père d’affirmer : « Non seulement utile, mais indispensable : l’Eglise en a besoin » – « Eh bien ! il suffit, je m’y donne, prête à tout ». Le père abbé bénit Mlle Richard disant : « allez, et que l’étoile vous conduise comme elle conduisit les Mages, jusqu’au bout ». (c’était à la sortie des premières vêpres de l’Épiphanie)

Dom Besse avec Madame Delmas, du parloir voisin, passèrent dans celui du père abbé, et en présence du révérend dom Gaugain et de dom Besse, dans la maison de Saint-Martin et de Saint-Benoît, les deux appelées dire le « OUI » qui devaient unir tous leurs efforts pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.

Un mois après, le 8 février, Mademoiselle Richard venait rejoindre 9 bis avenue de Ségur, à Paris, le groupe de celles qui faisaient un essai de vie commune autour de Madame Delmas. Armandine Carrissan aidait selon ses loisirs…

Après 8 mois de vie commune considérée comme postulat, dom Besse étant mort le 26 juillet, le RD dom Gaugain (revenu en son abbaye du Poitou) présenta Madame Delmas et Mademoiselle Richard à l’Abbaye de Jouarre où elles furent acceptées pour faire leur noviciat. Madame l’abbesse conforma leur habit à celui des moniales : c’était le 27 novembre 1920. Dom Besse, de la cité éternelle, avait tenu la promesse de vie religieuse qu’il avait faite à Mademoiselle Richard.

Le 30 novembre 1921, elle assistait aux premiers voeux prononcés par Mère Bénédicte Delmas et Mère Marie Scholastique Richard entre les mains du révérend dom Gabarra, délégué du cardinal de Paris, et chargé depuis mai 1921 par le chapitre général de la congrégation de France de veiller sur la nouvelle fondation. Les voeux furent prononcés à l’abbaye de Jouarre, en présence de Madame l’abbesse et de tout le couvent. Madame l’abbesse décida : « on les appellera « Mère » car elles le seront réellement » – et elle prêta deux moniales pour assister nos mères dans la mise en route de ce nouveau foyer de vie bénédictine.

Dès l’arrivée à Paris, le 3 janvier 1922, on raconte que les 2 fondatrices, tombant à genoux en face l’une de l’autre, se seraient dit mutuellement : « bénissez-moi, ma Mère », et que Mère Bénédicte se serait relevée en relevant sa compagne disant aux personnes alors présentes : « je vous présente le meilleur de moi-même », en montrant Mère Marie Scholastique. Désormais leur vie se confond avec la croissance difficile de cette vie nouvelle qu’elles avaient accepté, ensemble, de donner à l’Eglise.

Quelle joie pour Mère Marie Scholastique quand, en 1926, le R dom Gabarra, abbé de sainte Marie de Paris, nous suggéra de prendre le titre de « Missionnaires » pour répondre à l’appel que sa sainteté Pie XI adressait aux ordres monastiques par l’encyclique « Rerum Eecclesiae ». S’il est impossible de donner une vue exacte de cette sainte histoire en une aussi courte notice, il peut être plaisant de dire dès aujourd’hui comment le désir de l’unité de R. Mère Bénédicte et de Mère Marie Scholastique fit commencer dès cette année 1926, les prières de l’Octave du 18 au 25 janvier, dans l’oratoire de notre première petite maison.

Il faudrait aussi parler des conférences sur la liturgie faites aux Oblats de Paris, Tours, Rouen et à un groupe d’universitaires ; de ses notes, celles qui commentaient le nouvel office du Sacré-Coeur furent livrés au public en 1931, et 15000 exemplaires furent rapidement enlevés. Le Rd dom Cabrol, abbé de Farnborough, préfaçant l’opuscule dit, entre autres, que « les Bénédictines du Prieuré Sainte Bathilde de Paris avaient suivi une tradition chère à tout l’ordre par cette petite publication inspirée des enseignements sublimes de Saint Paul et de Saint Jean » … et le recommandait « au cœur de tous les chrétiens pour leur édification et leur profit spirituel »

De son côté, le R.P. Doncoeur s.j engageait à « lire et à se laisser pénétrer de l’esprit de foi et du sens catholique qui animait ce petit livre »… et il ajoutait : « le Seigneur ne se réjouit-il pas d’y voir la promesse de l’apostolat attendu d’un jeune monastère bénédictin où son cœur est aimé à la manière de sainte Gertrude ? »… Il appartenait à des âmes pénétrées de l’esprit liturgique et brulantes de zèle missionnaire.

Revenons en arrière. Dès 1928, révérende Mère prieure Bénédicte s’était installée à Vanves avec le gros de la Communauté, laissant Mère Marie Scholastique à Paris avec quelques religieuses. La petite maison de Ségur était désormais connue par les nombreux baptêmes d’adultes, les retours à Dieu, les recours de chrétiens non catholiques qui portaient au coeur le désir de l’unité, venaient le dire aux Mères et prier avec elles. Venaient aussi les spirituels non chrétiens. De même, les chômeurs de tous genres ne manquaient jamais et sur la couverture de Mère Scholastique, révérende Mère Prieure avait dû faire coudre une étiquette : « défense de donner cette couverture … » il aurait fallu multiplier ces étiquettes !!!

Rappelée à Vanves, Mère Marie-Scholastique continue d’y recevoir, selon que l’obéissance le lui permettait les personnes qui s’adressait à elle pour être conseillées, soutenues et réconfortées « que c’était beau l’union de vos 2 fondatrices », redisait dernièrement une personne amie de la première heure, « leur simplicité faisait qu’on avait vraiment l’impression d’être prise dans votre vie, en partage de toutes ses grâces.» Cette simplicité venait de leur commune grandeur. Grandeur ! Nous avons vu les facultés diminuer et son âme, dans un état où le contrôle conscient n’était presque plus possible, a continué de progresser. Si elle ne reconnaissait pas toujours les personnes, elle reconnaissait toujours le Christ en elles. La révélation de la transformation totale de son être en Dieu nous a toutes éblouies, de plus en plus, jusqu’à la fin.

Mais laissons-la parler elle-même par les dernières phrases de son commentaire de l’Office du Sacré-Cœur, particulièrement émouvantes à entendre aujourd’hui : « cet office nous place à l’école de l’aigle de Patmos, nous dévoile le Messie blessé d’amour, Verbe Incarné et voulant faire partager à chacun, dès cette vie, ses éternels prérogatives, son « Être éternel », « Il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu à ceux qui l’ont reçu ». Mais devenir les fils de Dieu, d’autres Christs, c’est avec notre Frère Premier-né, le Verbe éternel qui est aussi le fils de la Vierge Marie, passer sur la terre en faisant le bien, mourir sur le Calvaire en pardonnant. C’est ressusciter avec le Christ glorieux, être livrés encore à la divine oeuvre de l’amour qui, dans le triomphe pascal, fait murmurer au Sauveur pour son père: « Adhuc tecum sum », je suis avec Toi et, pour les hommes ses frères : « voici que je suis avec vous jusqu’à la consommation des siècles » – « la grâce de notre baptême doit nous conduire jusque là ».

(source : nécrologe de la communauté)

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